Le Bushido

La première utilisation du terme Bushido s’est apparemment produite pendant la période de guerre civile du 16ème siècle ; son contenu précis a changé historiquement en même temps qu’évoluaient les normes des samouraïs. Zen et bushido s’implantèrent très profondément parmi les samouraïs, et pénétrèrent la culture et les valeurs japonaises. Dans cette perspective et dans la poursuite d’un but, l’entraînement mental devint plus important que le physique. Son idéal était l’esprit martial, y compris des qualifications sportives et militaires aussi bien que l’affrontement sans peur de l’ennemi dans la bataille.

L’austérité, la bonté et l’honnêteté ont été également fortement considérés. Comme le Confucianisme, le Bushido exigeait le dévouement filial mais, provenant du système féodal, il a également soutenu que l’honneur suprême était de servir son seigneur jusqu’à la mort. Si ces engagements étaient en conflits, le samouraï était lié par fidélité à son seigneur en dépit de la douleur qu’il pourrait causer à ses parents.

 

 

La standardisation finale de la pensée du Bushido s’est produite pendant la période de Tokugawa au 17ème siècle, quand Yamaga Soko (1622-1685) a comparé le samouraï avec «l’homme supérieur» confucéen, et a enseigné que sa fonction essentielle était d’être des exemples vivants pour les classes inférieures. Sans négliger la vertu confucéenne de base, la bienveillance, Soko a mis l’emphase sur la deuxième vertu, la droiture, qu’il a interprétée en tant que l’engagement, le devoir. Ce code d’honneur strict, affectant des sujets de vie et de mort, a exigé un choix conscient et ainsi a stimulé l’initiative individuelle tout en réaffirmant pourtant les engagements de la fidélité et du dévouement filial. L’obéissance à l’autorité a été soulignée, mais le devoir est venu d’abord même s’il nécessitait la violation de la loi décrétée. Dans un tel exemple, le vrai samouraï prouverait sa sincérité et expierait son crime contre le gouvernement en s’enlevant plus tard sa propre vie.

SHINSETSU : La bonté et la bienveillance

Vertu de base selon le confucianisme Chinois, la bonté et la bienveillance dénotent une grande humanité.

Elles nous incitent à l’entraide, à l’attention envers notre prochain et notre environnement, et au respect de la vie.

Conçue comme un trait féminin, la bienveillance vient équilibrer la rectitude et la justice dure, deux traits perçus comme masculins. La bienveillance inclue l’amour, l’affection pour les autres, la sympathie et la noblesse des sentiments.

La bienveillance peut exister sans échange, mais elle reste un sentiment constructif fait de compréhension et d’amitié, une des formes de la bonté.

La bienveillance est aussi l’indulgence pour les lacunes et défaillances d’autrui, et un encouragement pour les aptitudes naissantes.

TADASHI : La droiture

La rectitude est le précepte le plus incontestable de tout le code du Bushi.

C’est suivre la ligne du devoir, sans jamais s’en écarter. Loyauté, honnêteté et sincérité en sont les piliers. Elles nous permettent de prendre sans aucune faiblesse une décision juste et raisonnable.

Un Bushi célèbre la définit ainsi : « La rectitude est le pouvoir de prendre, sans faiblir, une décision dictée par la raison. Mourir quand il est bien de mourir, frapper quand il est bien de frapper », quelles que soient ses qualités, ses faiblesses ou sa position sociale.

Savoir traiter les personnes et les choses avec déférence et respecter le sacré est le premier devoir d’un Budoka, car cela permet d’éviter de nombreuses querelles et conflits. Rien n’est plus repoussant à un Bushi que de traiter en secret et d’agir par traîtrise.

La droiture engendre le respect à l’égard des autres et de la part des autres.

La politesse est l’expression de ce respect dû à autrui. Mais cette rectitude pourrait dégénérer si elle n’était soutenue, par l’audace et l’endurance du courage.

YUUKAN : Le courage

La force d’âme qui fait braver le danger et la souffrance s’appelle le courage.

Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste, et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d’affronter toutes les épreuves.

Confucius définit ainsi le courage : « Sachant ce qui est juste, ne pas le faire démontre l’absence de courage. Donc, le courage est de faire ce qui est juste ».

Le courage est une vertu si seulement il y a droiture.

Courir toutes sortes d’aventures désordonnées, s’exposer sans raisons justes, n’est pas de la bravoure.

Un prince samouraï disait : « C’est le propre du vrai courage de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir ».

Un homme vraiment brave garde toujours sa sérénité et sa lucidité. Dans les catastrophes, les dangers, les souffrances, la mort, il garde la maîtrise de soi.

Maîtrise et impassibilité ne sont ni contrainte ni raideur, mais détente et paix, issues de l’absence de peur. C’est ainsi que les samouraïs improvisaient souvent des poèmes sur le champ de bataille, en l’honneur de leurs ennemis dont ils appréciaient la bravoure ou l’habileté.

Un samouraï disait « L’homme de valeur et d’honneur estime comme ennemis en temps de guerre, ceux qui sont dignes d’être des amis en temps de paix. Le succès d’un ennemi estimé est aussi celui du samouraï ».

SONCHOO : Le respect

Sans modestie, aucun respect n’est possible, sans respect, aucune confiance ne peut naître.

Sans confiance, aucun enseignement ne peut être donné, ni reçu.

Cette relation humaine élevée est encore vivante en Orient. Depuis le Moyen Age, elle a pratiquement disparue en Occident. C’est pourquoi la civilisation occidentale est devenue une civilisation de tête, mécanique, et qui se préoccupe avant tout du bien-être matériel, de la santé, et de la durée du corps.

Cette attitude de respect doit s’étendre au dojo, où l’enseignement est donné, et la voie recherchée. Elle doit englober aussi les partenaires dans la même recherche.

S’il y a respect, il ne peut y avoir vulgarité. L’âge, qui implique l’expérience de la vie, les anciens dans l’étude, les grades élevés, les débutants, les faibles, doivent être l’objet du respect passif et actif de la ceinture noire. A son tour, en cela, il doit être un modèle.

Il faut surtout éviter la critique et le dénigrement des autres, car cette néfaste habitude a pour but inconscient de se louanger soi-même. «Un tel est ainsi », cela sous-entend : « je ne suis pas comme lui ». « Un tel a fait, a dit telle chose », cela sous-entend : « Moi je n’aurais pas dit, ou pas fait cela ».

Rabaisser autrui est un moyen facile de se grandir, relativement à peu de frais.
De telles pratiques sont indignes d’une ceinture noire. C’est de la prétention inconsciente.

C’est seulement en travaillant sur ce qui nous manque qu’on peut s’améliorer.

Pour respecter les autres, il faut pouvoir résister à ses propres émotions d’irritation, de colère, de désir, de peur, etc. La force d’âme, combinée au respect d’autrui et à la politesse, qui ne veut pas blesser ou gêner les autres, aboutit à une attitude stoïque.

Dans le Bushido cela est connu comme le contrôle de soi.