Iaï Do

Aussi appelé : Iaïdo ou Iaï

Voie du dégainé du sabre, issue de la technique de guerre du Iaï-Jutsu, une discipline martiale qui est particulièrement représentative de l’orientation spirituelle des arts classiques du Budo.

L’ART DE POURFENDRE
Techniquement, il s’agit de tirer le sabre (Katana) de son fourreau, avec la vitesse et la pureté d’un éclair, explosion d’énergie fusant d’une concentration intense, et de couper l’adversaire dans le même mouvement avant même que ce dernier n’ait pu concrétiser sa volonté d’attaque. La technique est donc toujours 1’expression d’une réaction de défense, non d’une volonté d’attaque. On trouve dans « lai», la notion d’ETRE (I, de Iru) et d’HARMONIE (Ai), au sens de « mettre son esprit en harmonie avec celui de l’adversaire », une orientation qui rappelle celle de l’Aikido. La maîtrise de l’arme est la maîtrise de l’esprit, et l’art du lai est, loin de l’utilitarisme premier de la technique nécessaire sur un champ de bataille, l’apprentissage de l’abandon de l’ego possessif, inhibiteur et créateur d’illusion. Dans l’art du lai, on coupe d’abord « un autre soi-même » et la pureté du mental comme des attitudes et mouvements rejoint la démarche du Bouddhisme Zen.

Le sabre (Ken, Katana, Nippon-to) était considéré au Japon de l’ère Tokugawa (1603-1868) comme l’âme du guerrier. Comme toutes les disciplines de combat, le maniement du sabre, en devenant Budo à partir de Bu-jutsu, devint de la simple technique. Ainsi intervenait chez le Samurai pur et dur, au cours d’un entraînement long et austère, un changement d’état d’esprit (Seishi-o-choetsu) qui lui faisait reconnaître dans son arme une double finalité: trancher toute menace extérieure contre son intégrité physique mais aussi « trancher l’ego » afin que puisse se réaliser un éveil spirituel (Satori*). Le lai-do est l’une des formes de « forge de l’esprit » (Seishin-tanren*) au même titre que d’autres arts martiaux traditionnels dans lesquels la notion de Do » (Voie) a pris le pas sur celle de « Jutsu » (technique). De par la nécessité du dépouillement mental qui doit présider au mouvement du dégainer, et de par son exigence d’engagement, à la fois total et contrôlé, de soi, il est une école de volonté et de maîtrise. On s’y entraîne seul, sans partenaire (Tandoku-renshu). Il ne peut donner lieu à une expression sportive, puisqu’il n’y a aucune forme d’affrontement ou de compétition possible. Encore peu pratiqué en dehors des milieux du Kendo et du Ken-jutsu (technique de combat au sabre à partir de l’instant où l’arme est déjà dégainée) le laido suscite cependant un intérêt croissant chez les Budokas soucieux de s’imprégner du message de paix contenu dans la technique de guerre.

UN ENSEIGNEMENT A TROIS DEGRES
Dans les années 1920 les experts de sabre Nakayama Hakudo, de l’école Shimomura-ha, et Oe Masamichi Shikei, de l’école Tanimura-ha, adoptèrent et transmirent le principe de l’enseignement des techniques de laido à trois degrés, sur lesquels étaient réparties les principales formes techniques. Cette première tentative de
codification posait les degrés :
Shoden (ou Omori-ryu) ou enseignement du début (1erdegré), contient toutes les bases (Kihon), sur douze formes dont une seule debout, les autres se pratiquant à genoux.
Chuden ou enseignement du milieu (2e degré), contient dix nouvelles techniques, plus récentes, exécutées en Tate (ou lai-hiza).
Okuden ou enseignement de fond (ou enseignement final) ou « secret» (3e degré),plus complexe avec de nombreuses séries parfois travaillées à deux (8 séries assises et 13 debout).

L’UNIFICATION
C’est au début des années 1930 que s’affirma l’appellation laido avec le Muso Shinden-ryu, laido de Nakayama Hakudo (1869-1958). En 1948 fut créée la « Zen Nihon laido Renmei» (Fédération de laido de tout le Japon) puis, en 1952, la « Zen Nihon Kendo Renmei « (Fédération de Kendo de tout le Japon) à laquelle se rattacha la pratique du lai. En 1968 émerge la volonté d’une synthèse technique à partir de la trentaine d’écoles classiques de lai-jutsu/laido ayant survécu jusque là. La Fédération japonaise de Kendo prit alors l’initiative de faire faire un travail de codification par une douzaine de professeurs de Iaido et de Kendo, travail qui fut complété en 1980: c’est l’origine d’un Kata unifié de Iaido, le Seitei-lai-gata, à 10 formes (aussi Sete-lai). Ces 10 séries sont aujourd’hui une référence pour la progression et le canevas d’examen pour les passages de grades reconnu par toutes les fédérations de laido et de Kendo.