Étiqueté : Code moral

YUUKAN : Le courage

La force d’âme qui fait braver le danger et la souffrance s’appelle le courage.

Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste, et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d’affronter toutes les épreuves.

Confucius définit ainsi le courage : « Sachant ce qui est juste, ne pas le faire démontre l’absence de courage. Donc, le courage est de faire ce qui est juste ».

Le courage est une vertu si seulement il y a droiture.

Courir toutes sortes d’aventures désordonnées, s’exposer sans raisons justes, n’est pas de la bravoure.

Un prince samouraï disait : « C’est le propre du vrai courage de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir ».

Un homme vraiment brave garde toujours sa sérénité et sa lucidité. Dans les catastrophes, les dangers, les souffrances, la mort, il garde la maîtrise de soi.

Maîtrise et impassibilité ne sont ni contrainte ni raideur, mais détente et paix, issues de l’absence de peur. C’est ainsi que les samouraïs improvisaient souvent des poèmes sur le champ de bataille, en l’honneur de leurs ennemis dont ils appréciaient la bravoure ou l’habileté.

Un samouraï disait « L’homme de valeur et d’honneur estime comme ennemis en temps de guerre, ceux qui sont dignes d’être des amis en temps de paix. Le succès d’un ennemi estimé est aussi celui du samouraï ».

SONCHOO : Le respect

Sans modestie, aucun respect n’est possible, sans respect, aucune confiance ne peut naître.

Sans confiance, aucun enseignement ne peut être donné, ni reçu.

Cette relation humaine élevée est encore vivante en Orient. Depuis le Moyen Age, elle a pratiquement disparue en Occident. C’est pourquoi la civilisation occidentale est devenue une civilisation de tête, mécanique, et qui se préoccupe avant tout du bien-être matériel, de la santé, et de la durée du corps.

Cette attitude de respect doit s’étendre au dojo, où l’enseignement est donné, et la voie recherchée. Elle doit englober aussi les partenaires dans la même recherche.

S’il y a respect, il ne peut y avoir vulgarité. L’âge, qui implique l’expérience de la vie, les anciens dans l’étude, les grades élevés, les débutants, les faibles, doivent être l’objet du respect passif et actif de la ceinture noire. A son tour, en cela, il doit être un modèle.

Il faut surtout éviter la critique et le dénigrement des autres, car cette néfaste habitude a pour but inconscient de se louanger soi-même. «Un tel est ainsi », cela sous-entend : « je ne suis pas comme lui ». « Un tel a fait, a dit telle chose », cela sous-entend : « Moi je n’aurais pas dit, ou pas fait cela ».

Rabaisser autrui est un moyen facile de se grandir, relativement à peu de frais.
De telles pratiques sont indignes d’une ceinture noire. C’est de la prétention inconsciente.

C’est seulement en travaillant sur ce qui nous manque qu’on peut s’améliorer.

Pour respecter les autres, il faut pouvoir résister à ses propres émotions d’irritation, de colère, de désir, de peur, etc. La force d’âme, combinée au respect d’autrui et à la politesse, qui ne veut pas blesser ou gêner les autres, aboutit à une attitude stoïque.

Dans le Bushido cela est connu comme le contrôle de soi.

SEIGYO : Le contrôle de soi

Pour un samouraï, laisser paraître ses émotions sur le visage ou dans ses gestes est un manque de force.

Le code d’honneur et de la morale traditionnelle enseignée dans les disciplines du Bushido est basé sur l’acquisition de cette maîtrise.

Une grande partie de l’apprentissage des arts martiaux est basé sur cette vertu.

Cela doit être la qualité essentielle de toute ceinture noire.

Il représente la possibilité de maîtriser nos sentiments, nos pulsions et de contrôler notre instinct. C’est l’un des principaux objectifs de la pratique des Arts Martiaux, car il conditionne toute notre efficacité.

Inazo Nitobe raconte qu’il connaît l’histoire d’un père qui passa des nuits entières derrière la porte à écouter la respiration de son enfant malade : il ne voulait pas être surpris dans cet état de faiblesse paternelle. Il cite aussi le cas d’une mère qui, à ses derniers moments, s’abstint d’envoyer chercher son fils pour qu’il ne fût pas dérangé dans ses études.

Les histoires héroïques de ce genre abondent au Japon, et trouvent toujours une résonance profonde dans le cœur des Japonais.

Certains disciples du Bushido pouvaient atteindre un haut degré de douceur pacifique. Tel Ogawa : « Quand les autres disent du mal de toi, ne rends pas le mal pour le mal, mais réfléchis. Tu n’as pas été non plus toujours fidèle dans l’accomplissement de tes devoirs ».

MEIYO : L’honneur

Au Japon, les enfants sont élevés avec un sentiment aigu de l’honneur, leurs parents manifestent eux-mêmes un attachement plus grand à l’honneur qu’à la vie.

L’honneur, qualité essentielle, établit notre attitude et notre manière d’être vis-à-vis des autres.

C’est une intense conscience de la valeur de la dignité personnelle. Nul ne peut se prétendre Budoka (guerrier au sens noble du terme) s’il n’a pas une conduite honorable.

Du sens de l’honneur découlent toutes les autres vertus.

Il exige le respect du code moral et la poursuite d’un idéal, de manière à toujours avoir un comportement digne et respectable. Toute infraction à l’honneur d’un samouraï était ressentie et appelée «ren-shi-shin» (un sens de la honte).

La désobéissance au code ou à un supérieur produisait un sentiment de culpabilité et de honte. Le sens du déshonneur était ainsi le stimulant suprême pour corriger la conduite.

Un samouraï, dans sa jeunesse, refusa de laisser entamer sa réputation par une compromission légère parce que, disait-il, « le déshonneur est pareil à une cicatrice sur un arbre que le temps, au lieu d’effacer, agrandit tous les jours ».

Mais ce sens de l’honneur, s’il est mal compris, a donné lieu, chez les samouraïs, à des exagérations morbides. Ceux qui n’avaient sacrifié, par avance, que leur corps, mais cultivaient inconsciemment un égoïste amour d’eux-mêmes et un orgueil arrogant, croyaient, pour un oui ou un non, devoir laver dans le sang de pseudo atteintes à leur honneur.

Heureusement, chez les samouraïs, s’offenser d’une provocation légère était ridiculisé comme un manque de contrôle de soi.

Selon un dicton populaire ; Supporter ce qu’on croit ne pas pouvoir supporter voilà qui est réellement supporter. Meng-Tseu disait : « Il est dans la nature de tout homme d’aimer l’honneur, mais ce qui est vraiment honorable réside en chacun et non ailleurs. L’honneur que les hommes confèrent n’est pas le véritable honneur ».

L’approbation des hommes et la gloire du monde n’est pas l’honneur. Mais l’honneur est attaché à la manière d’être, à la fidélité, à la parole, à un ami, un Maître, un Idéal, ou à la vérité.

C’est pourquoi le devoir de fidélité est un des piliers du Bushido.

CHUJITSU : La fidélité

Il n’y a pas d’honneur sans fidélité et loyauté à l’égard de certains idéaux et de ceux qui les partagent.

La fidélité symbolise la nécessité incontournable de tenir ses promesses et remplir ses engagements.

La fidélité nécessite la sincérité dans ses paroles et dans ses actes. Le sentiment de fidélité a, dans le Bushido, une importance capitale.

De nos jours, ce lien a évolué, tout au moins dans certaines civilisations occidentales, mais il n’a pas pour autant disparu. Bien que, dans certains pays d’Occident, on prête encore maintenant serment au souverain, Roi ou Empereur, qui incarne la patrie. Aujourd’hui, il convient de faire preuve de fidélité et de loyauté, par exemple à l’égard de sa patrie, y compris, pour la défendre, l’éventuel sacrifice de la vie. Celui qui se dérobe à ce devoir est considéré comme un lâche ou un traître.

En Chine, Confucius faisait de la fidélité et la loyauté à l’égard des parents le premier des devoirs humains. Dans l’Inde, ces devoirs occupent une grande place. Au Japon également. Mais, dans l’Inde, la première place revient au Maître spirituel ; au Japon, elle revient à l’Empereur qui incarne pour les japonais le YAMATO, l’âme même du pays.

L’importance de ce message est que, quel que soit le motif ou l’objet de la fidélité et du loyalisme, ce sentiment existe.

Mais, toutes ces fidélités et loyautés, ont un dénominateur commun. C’est la consécration de sa vie à quelque chose de plus grand que soi, et que les possessions humaines ou matérielles.

Celui qui ne vit que pour soi ou ses possessions humaines ou matérielles, est un vivant de qualité médiocre, qui ne sauvera finalement aucune de ses possessions, ni même sa vie, puisque tôt ou tard il mourra.

De nos jours, les principes directeurs du Bushido restent toujours vrais, mais doivent être adaptés à des situations nouvelles.

Dans les Arts Martiaux, les relations de Maître à disciple sont le grand idéal humaniste traditionnel. Son application dans la vie tout entière offre un large champ de réalisation des principes du Bushido.

Il convient donc que les ceintures noires s’en inspirent, le respectent et le vivent.