KEN : La modestie et l’humilité
Les relations enseignant-élève sont impossibles sans modestie.
Si le budoka devient l’ambassadeur du code moral, il se doit de rester humble et ne pas flatter son ego.
L’orgueil et la vanité freinent considérablement l’apprentissage de ce code.
La bonté et la bienveillance ne peuvent s’exprimer sincèrement sans modération dans l’appréciation de soi-même.
Savoir être humble, exempt d’orgueil et de vanité, sans faux-semblant est le seul garant de la modestie.
Comme toutes les autres bases du Bushido, la modestie a ses véritables racines dans la sincérité et la vérité.
Une modestie, qui n’est qu’une forme purement extérieure de la politesse ou une habileté pour se concilier l’opinion, n’est pas la véritable modestie.
Une fausse modestie peut être une des formes les plus dangereuses de la vanité, ou de la peur: «Je me mettrai si bas, que nul ne pourra m’y mettre davantage », n’est rien d’autre que la formule d’un calcul bassement utilitaire.
L’homme vraiment modeste ne désire pas s’abaisser, mais simplement s’apprécier, selon la vérité et la justesse, avec sincérité et honnêteté. La vanité aime parader, même si elle proclame une valeur irréelle ou médiocre.
Le désir d’être admiré, aimé, respecté pour légitime qu’il soit, n’est admissible que si la valeur est authentique. Ce désir est à l’origine de bien des exploits et aussi de bien des erreurs.
Celui qui dit : « Je suis modeste », cesse de l’être à cet instant précis. Le culte de la modestie consiste donc, d’abord, à être conscient de l’immodestie et de la propension à affirmer, à soi-même et aux autres, des valeurs inexistantes. Il consiste, ensuite, à concentrer l’attention sur ce qui manque, objectivement, avec la ferme volonté de se transformer. Enfin, il est important de savoir apprécier, respecter et aimer la valeur chez les autres, amis ou ennemis, et les prendre pour référence.
On risque peu à peu de les surestimer, tout en les sous-estimant.